Murs de pierre sèche
Présentation de la pierre sèche
On nomme « pierre sèche » la technique qui permet de bâtir des ouvrages (murs, arcs, voûtes) uniquement avec des pierres, sans avoir recours à un mortier liant. La cohérence de la maçonnerie repose sur l’organisation des pierres entre elles, ce qui nécessite un savoir-faire spécifique.
Mon métier de murailler
Je pratique la maçonnerie de pierre sèche depuis 2006 et je suis titulaire du Certificat de qualification professionnel CQP niveau 2 « ouvrier à pierre sèche ».
Par ailleurs, je suis membre de la Fédération Française des Professionnels de la Pierre Sèche (FFPPS). À ce titre, j’ai préfacé le livre Pierre sèche : Théorie et pratique d’un système traditionnel de construction, que je vous présente plus bas sur cette page.
Pour aller plus loin
Pour en savoir plus sur la pierre sèche, je vous invite à lire l’ouvrage ci-contre, publié aux éditions Eyrolles, et dont j’ai écrit la préface.
Vous pouvez lire cette dernière ci-dessous, en cliquant sur le bouton + à côté du titre.
Pierre sèche : Théorie et pratique d’un système traditionnel de construction
Les ouvrages en pierre sèche intriguent, fascinent. Sans doute du fait de notre difficulté à les comprendre. L’absence de liant déconcerte notre notion de la solidité, déstabilise notre appréhension de l’équilibre, notre rapport au plein et au vide. Notre rapport au temps s’en trouve également brouillé. Ces constructions nous évoquent un jadis difficile à situer, empreint de tout un imaginaire. On les croit hors d’âge, éloignés de notre contemporanéité. Avec leur faune et leur flore, ils abritent bien des mystères.
S’intéresser aux murs de pierre sèche, c’est, en premier lieu, se mettre en relation avec le matériau. La pierre du mur est souvent brute, tirée du sol, juste là sous nos pieds. Notre main l’effleure, en ressent le grain, la rugosité ou la douceur. Elle nous raconte son histoire, à voix basse, et nous fait remonter le temps, jusqu’aux origines, au commencement : le grès et le calcaire des fonds marins, le gneiss et le granit des profondeurs telluriques, le schiste et le gneiss des plis du maneau et la lave du volcan jaillissant.
Après cette première rencontre, il ne reste plus qu’à s’en saisir, à bâtir. L’idée est simple: organiser les pierres entre elles en jouant de leur forme et de leur poids. Utiliser les vecteurs de forces dans le but de les ramener vers le sol. Assembler, agencer, imbriquer des éléments – les pierres – pour n’en former qu’un, le mur.
S’intéresser aux murs en pierre sèche c’est ensuite se mettre en relation avec le paysage, son architecture, son histoire et la vie qui s’y déploie. Paysages façonnés, presque sculptés par l’homme, dans une volonté de s’adapter au relief, de déjouer les contraintes du milieu. Ils en soulignent les courbes de niveau, tracent des points de fuite, des lignes de partage.
Ces ouvrages qui nous racontent l’élaboration d’un terroir gardent en empreinte des gestes, expriment une attitude, exposent une esthétique qui, en nous, résonne.
Dans un premier livre, Construire en pierre sèche1, Louis Cagin, murailleur (maçon à pierre sèche) présentait la technique et les méthodes de construction des murs de pierre sèche à la façon d’un manuel pédagogique. Le succès qu’a rencontré cet ouvrage s’inscrit dans un dynamique regain d’intérêt pour ce patrimoine aussi bien matériel (les ouvrages) qu’immatériel (le savoir- faire). En France comme à l’étranger, de nombreux acteurs (professionnels, associations, institutions) promeuvent et développent aujourd’hui cette technique de construction, certes ancestrale, mais qui répond de façon pertinente aux enjeux environnementaux et économiques de notre époque. C’est dans ce contexte que Louis Cagin a ressenti le besoin de proposer un nouveau livre en réunissant des spécialistes de différentes disciplines concernées par les ouvrages en pierre sèche.
Ainsi, l’archéologie offre une analyse historique de la variété des ouvrages selon les âges et les sociétés ; l’ethnologie propose un regard sur la relation entre la démarche des bâtisseurs et l’objet construit; la géographie étudie la structure des territoires concernés, les impacts et les enjeux ; l’anthropologie s’invite à travers les notions de paysage et de patrimoine, notions qui sont les reflets d’une émotion, d’un affect mais également l’objet de réglementation. Enfin, la physique définit, étudie les matériaux et les forces afin d’aider à la compréhension du fonctionnement mécanique, traduisant ainsi par la méthode scientifique le geste du murailleur.
Ce geste est le personnage principal de ce livre. Il s’exprime sur le terrain à travers un savoir-faire. Une technique dont la difficulté réside dans son obligatoire adaptation au matériau qui, par nature, diffère selon les territoires. C’est bien la pierre qui dicte sa loi. Le bâtisseur, lui, exécute. Cette contrainte place d’emblée le geste et son produit, l’ouvrage, dans le champ de l’architecture vernaculaire, par définition «propre au lieu ». D’où la nécessité pour le bâtisseur d’être en intelligence avec le matériau et son environnement. C’est à travers la compréhension de cet environnement que s’opère la beauté de ce geste.
C’est là que réside la gageure: décrire, analyser un savoir-faire jusque-là empirique, en prenant garde à ne pas le réduire à un simple mode d’em- ploi, dépouillé de tout particularisme. Ce livre invite le lecteur à une vision ouverte du sujet. Les différents chapitres sont autant d’entrées possibles, à la fois complémentaires et indépendants les uns des autres. Les auteurs nous transmettent leurs connaissances en s’appuyant sur leur expérience professionnelle et leur sensibilité.
Martin Muriot
Président de la FFPPS